Deux ex-Palantir lancent Ankar : l’IA au service de la propriété intellectuelle

5 minutes de lecture

Deux entrepreneuses françaises, Tamar Gomez et Wiem Gharbi, anciennes de Palantir, viennent de lancer Ankar, une startup basée à Londres qui ambitionne de révolutionner la gestion de la propriété intellectuelle grâce à l’intelligence artificielle. Retour sur une levée de fonds remarquée et une innovation qui pourrait transformer le dépôt de brevets dans les secteurs les plus innovants.

Un constat : la lourdeur du dépôt de brevets

Dans les grandes entreprises technologiques et industrielles, la protection de l’innovation repose encore sur un processus long et fastidieux. Chaque invention doit être décrite dans un mémo technique d’une trentaine de pages, rédigé par le chercheur, puis relu et validé par des juristes spécialisés. Ce parcours, souvent chronophage, peut décourager les inventeurs et ralentir la valorisation de l’innovation.

Tamar Gomez et Wiem Gharbi, confrontées à cette réalité lorsqu’elles travaillaient chez Palantir, ont décidé de s’attaquer à ce problème systémique. Leur objectif : permettre aux chercheurs de se concentrer sur la recherche, tout en fluidifiant et en sécurisant chaque étape du dépôt de brevet.

Ankar : l’IA au cœur du processus

Ankar développe une plateforme basée sur l’intelligence artificielle qui automatise et accélère toutes les étapes clés du dépôt de brevets :

  • Génération automatique du mémo technique à partir des éléments fournis par les inventeurs.
  • Analyse de l’existant pour s’assurer qu’aucun brevet antérieur ne couvre déjà l’invention.
  • Reformulation des points critiques pour garantir l’originalité et la brevetabilité.
  • Assistance à la rédaction finale pour les juristes.
  • Surveillance continue pour détecter d’éventuelles violations ou doublons après le dépôt.

La technologie d’Ankar s’appuie sur des modèles de langage avancés capables d’analyser les disclosures d’invention, de détecter l’antériorité, de générer automatiquement les revendications de brevet et d’identifier les conflits potentiels avec d’autres brevets (Frenchweb).

Une levée de fonds stratégique et des soutiens de poids

Pour accélérer son développement, Ankar vient de lever 3 millions de livres sterling (environ 3,6 millions d’euros) auprès de fonds prestigieux comme Index Ventures, Daphni, Motier Ventures, ainsi que les micro-fonds allemands Booom et Puzzle Ventures. Des business angels de renom, comme Olivier Pomel (PDG de Datadog) et Julien Chaumond (directeur technique de Hugging Face), ont également participé à l’opération (Vestbee).

Cette levée va permettre à la startup de renforcer ses équipes techniques et commerciales, d’accélérer le développement de sa plateforme et de répondre à la demande croissante des entreprises, notamment parmi les grands groupes du Fortune 500, à l’image de Valeo qui utilise déjà l’outil.

Un ADN franco-européen et une ambition internationale

Bien que basée à Londres, Ankar revendique un ADN technologique franco-européen, avec une forte implication de fonds français et une vision globale du marché de la propriété intellectuelle. Tamar Gomez et Wiem Gharbi mettent en avant leur expérience chez Palantir, où elles ont appris à résoudre des problématiques complexes dans des secteurs comme la santé ou l’aéronautique, et à placer l’utilisateur au centre de l’innovation.

« Nous accélérons le process. Le chercheur reste plus en puissance dans le process tandis que les équipes traitent plus d’inventions et déposent de meilleurs brevets. » – Tamar Gomez

Des enjeux juridiques et technologiques majeurs

L’essor de l’IA dans la propriété intellectuelle soulève de nouveaux défis juridiques, notamment en matière de reconnaissance de l’originalité humaine et de sécurisation des droits sur les créations générées ou assistées par des algorithmes. En France et en Europe, seules les œuvres où l’intervention humaine est prouvée peuvent bénéficier d’une protection juridique pleine et entière, ce qui pousse les startups comme Ankar à intégrer l’humain au cœur de leur processus d’innovation (BigMedia Bpifrance).

Vers une nouvelle ère de l’innovation protégée

Ankar s’inscrit dans une tendance de fond : l’automatisation intelligente des processus complexes pour libérer du temps, accélérer la valorisation de l’innovation et renforcer la compétitivité des entreprises. Avec son approche, la startup pourrait bien devenir un acteur incontournable de la propriété intellectuelle à l’ère de l’IA.

Partager cet article
Aucun commentaire