Espionnage chez Rippling : Keith O’Brien

Espionnage chez Rippling : Keith O’Brien, l’espion traqué, vit dans la peur

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Espionnage chez Rippling : Keith O’Brien

Dans le monde ultra-concurrentiel des startups technologiques, l’histoire de Keith O’Brien, un ancien employé de Rippling devenu espion pour Deel, ressemble à un scénario de film d’espionnage. Cependant, ce qui semblait être une aventure audacieuse a pris une tournure inquiétante. O’Brien affirme désormais être suivi par des hommes non identifiés, suscitant la peur chez lui et sa femme. Cette saga, révélée par TechCrunch le 20 juin 2025, met en lumière les tensions extrêmes entre Rippling et Deel, deux géants de la gestion des ressources humaines, et soulève des questions sur les limites de la rivalité dans la tech.


Une confession digne d’un thriller

Tout commence en avril 2025, lorsque Keith O’Brien, employé de Rippling basé à Dublin, avoue dans un affidavit avoir espionné son employeur pour le compte de Deel, un concurrent direct. Selon ses déclarations, Deel lui versait 5 000 euros par mois pour voler des données confidentielles : feuilles de route des produits, listes de clients, notes de ventes, et même les noms des employés stars. Rippling a déjoué le stratagème en créant un canal Slack piégé, surnommé « d-defectors », qui a permis de repérer les activités suspectes d’O’Brien. Ce dernier, pris la main dans le sac, a détruit son téléphone pour effacer les preuves, mais des enregistrements ont été retrouvés dans son compte iCloud.

Cette confession explosive a fait de O’Brien le témoin clé dans le procès intenté par Rippling contre Deel, accusé de vol de secrets commerciaux, concurrence déloyale et violation de la loi RICO (Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act). Rippling finance désormais ses frais juridiques, un arrangement inhabituel pour un employé licencié pour faute grave. Mais l’histoire ne s’arrête pas là : Deel a contre-attaqué, accusant Rippling d’avoir espionné ses propres systèmes en se faisant passer pour un client, intensifiant une rivalité déjà féroce.


Une vie sous surveillance

Depuis sa confession, la vie d’O’Brien a basculé dans un climat de paranoia. Dans un nouvel affidavit déposé en juin 2025, il affirme être suivi par des hommes mystérieux. Selon ses témoignages, deux individus dans une Skoda Superb grise l’ont traqué à une occasion, tandis qu’un homme corpulent aux cheveux courts, souvent accompagné d’un gros chien, conduit un SUV noir qui apparaît régulièrement près de son domicile. O’Brien a tenté d’échapper à ses poursuivants en prenant des routes détournées, mais le SUV réapparaissait systématiquement dans son rétroviseur. Craignant l’installation de dispositifs de suivi sur sa voiture, il a engagé une société de sécurité pour enquêter.

Ces incidents ont eu un impact psychologique profond. O’Brien décrit un stress émotionnel intense, partagé par sa femme, qui vit dans la peur pour leur sécurité et celle de leurs enfants. Le 20 juin 2025, un juge irlandais a accordé à O’Brien une ordonnance de restriction contre ces hommes, dont l’identité reste inconnue. Cette décision, rapportée par TechCrunch, souligne la gravité de la situation, mais laisse planer le mystère sur l’origine de ces surveillances. Sont-elles liées à Deel, à Rippling, ou à une tierce partie ? Pour l’instant, aucune preuve concrète ne permet de trancher.


Une rivalité qui dégénère

L’affaire Rippling contre Deel est symptomatique d’une concurrence acharnée dans le secteur des technologies RH. Rippling, valorisée à 13 milliards de dollars, et Deel, à 12 milliards, se disputent le même marché, proposant des plateformes tout-en-un pour la gestion de la paie, du recrutement et des avantages sociaux. Ce qui a commencé comme une relation client-fournisseur – Deel était autrefois client de Rippling – s’est transformé en une guerre ouverte lorsque Deel a lancé des produits concurrents.

Les accusations d’espionnage mutuelles ne sont que la partie visible de l’iceberg. Rippling a intensifié ses allégations en juin 2025, accusant Deel d’avoir infiltré quatre autres concurrents, dont Toku, une entreprise de conformité fiscale basée sur la cryptomonnaie. Deel, de son côté, dénonce une campagne de diffamation orchestrée par Rippling et son PDG, Parker Conrad, qu’elle accuse d’être motivé par une vengeance personnelle contre Andreessen Horowitz, un investisseur commun aux deux entreprises. Cette escalade judiciaire, ponctuée de déclarations incendiaires, fascine l’industrie tech et inspire même des parodies, comme une publicité de la startup Cotool qui se moque du piège Slack de Rippling.


Les leçons d’une saga hors norme

L’histoire de Keith O’Brien et de l’espionnage entre Rippling et Deel dépasse le cadre d’un simple litige commercial. Elle met en lumière plusieurs enjeux cruciaux pour l’écosystème des startups :

  • Éthique et concurrence : Dans un marché saturé, jusqu’où les entreprises sont-elles prêtes à aller pour devancer leurs rivaux ? L’espionnage industriel, bien que rare à ce niveau de sophistication, rappelle les risques d’une concurrence débridée.
  • Sécurité des données : Les informations sensibles, qu’il s’agisse de données clients ou de stratégies internes, sont au cœur des activités des startups tech. Cette affaire souligne l’importance de protections robustes, comme les honeypots utilisés par Rippling.
  • Impact humain : Derrière les gros titres, O’Brien et sa famille vivent un cauchemar. Cette dimension humaine invite à réfléchir aux conséquences personnelles des décisions professionnelles, surtout dans des contextes à haut risque.

Sources

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